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Vers l'émergence d'une nouvelle pensée constructive

architecture

 © mp boudreau

« IMAGINER une interdépendance qui allie la cohabitation avec la nature et la lutte contre ce qui la détruit. CONCEVOIR un art du vivre-ensemble avec toutes les entités vivantes dans ce petit bout de cosmos vert et bleu. REFAIRE connaissance et CONSTRUIRE des relations avec la vie qui nous entoure. Cette transformation de nos façons de faire est aujourd’hui le grand enjeu de toutes les pratiques d’aménagement. Un ÉGARD AJUSTÉ, une manière d’être à travers une architecture redéfinie qui nous réinscrit dans le vivant. Cette interdépendance n’est rien d’autre qu’un grand moment d’émancipation dans l’histoire humaine. »
 

Beaucoup de penseurs et d’activistes contemporains portent et encouragent aujourd’hui ce renouement avec la nature. Un ACCUEIL DU DEHORS ! Comme eux, ce renouement et cet accueil sont devenus le sens de notre pratique et nous tentons de l’incarner à travers un savoir-faire et un vivre-ensemble.

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Pour l'émergence d'une nouvelle pensée constructive

workshop

Le Workshop architecture

 © jp boudreau

Le terme « Workshop » renvoie à l’idée de l’atelier collaboratif et souligne l’importance du partage de connaissances, vecteur indispensable à la construction de nouveaux projets en relation avec la nature. La collaboration avec divers intervenants permet une véritable émulation d’idées et de savoirs. Le workshop offre l’opportunité de faire converger et travailler ensemble des personnes qui n’en ont pas l’habitude, de leur ouvrir un espace de rencontre et de les fédérer autour d’un projet commun: c’est le principe du « team building ».

 

Ce renouvellement de nos façons de « FAIRE » entre fatalement en collision avec le dogmatisme du design formaliste et fonctionnaliste encore très présent de nos jours. Mais le potentiel de dialogue et de recherche demeure énorme pour développer de nouvelles manières d’habiter le Monde et de le construire. Voilà le sens de la nouvelle identité créée par l’architecte Jean-Paul Boudreau;

Le Workshop architecture

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Jean-Paul Boudreau est architecte, membre de l’OAQ. Il a originellement établi sa pratique et ses recherches dans les années 2000 sous le nom de JPB Architectes. Tout en maintenant une collaboration régulière à de grands projets nationaux et internationaux, il apporte son soutien et son expertise pour la reconstruction dans les pays en développement dévastés par les catastrophes naturelles. Il partage sa pratique professionnelle avec des activités d’enseignement à l’École d’architecture de l’Université de Montréal à titre de professeur invité et de recherche comme membre-chercheur de la Chaire Fayolle-Magil construction en architecture, bâtiment et durabilité.

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Le temps de l’urgence !

architecture

 © nasa gsfc

Dès sa création en 1988, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC) constate que le système Terre se fragilise et que l’humain provoque des changements révolutionnaires dans l’ordre géologique et social. C’est le début de l’ANTHROPOCÈNE !

 

Accepter l’ANTHROPOCÈNE c’est reconnaître que nous ne vivons pas une crise climatique ou environnementale, mais que nous vivons une modification en profondeur de l’ensemble du système terrestre. L’Homme est devenu une force tellurique déterminante et nous ne pouvons plus considérer la NATURE comme un environnement à exploiter sans fin. On se rend compte qu’après 5 décennies d’expansion économique débridée, le problème n’est plus de savoir comment éviter d’excéder les limites de la planète, mais bien comment faire pour revenir à l’intérieur de ces limites et réduire nos émissions de gaz à effet de serre pour maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C d'ici à 2100. (Conférence de Paris - COP21).

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La crise du climat comme crise de la sensibilité !

architecture

 © georges natsioulis

La crise du climat qui est la nôtre, c’est aussi une crise d’autre chose, de plus discret, de plus fondamental, une crise de nos relations au vivant, une crise de la sensibilité qui pourrait nous mener vers la sixième extinction des espèces. La disparition du vivant causée par l’absence d’attention collective et politique, c’est cela la crise de la sensibilité. Force est de reconnaître qu’il faut une transformation de nos manières de vivre et d’habiter ce monde. Le progrès, aujourd’hui, doit s’articuler autour du concept de COÉVOLUTION, c’est-à-dire d'une interrelation constante entre les humains et le vivant.

 

L’intégration de la nature à nos milieux de vie restera toujours un élément qui éveille les valeurs sensibles des personnes. Sa présence apporte la paix à l’âme, nous fait rêver, fait revivre nos sens et nous procure avant tout le sentiment de vivre et d’exister. Cette nature, tout un chacun peut se l’approprier, l’interpréter, s’y inscrire, la sentir. Mais coupés de celle-ci, quelque chose nous manque terriblement, ce dont témoigne l’indifférence avec laquelle le ravage de la terre est toujours globalement accepté.

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Vers une politique de la pluralité et de ce qui est autre !

architecture

Altérité

 © getty images

À force de ne plus faire attention au monde vivant, les humains créent de toutes pièces un cosmos muet très inconfortable à vivre. Se soucier davantage de la nature et de la vie, c’est changer de regard, c’est opérer un renversement de valeurs face au monde qui nous entoure. Chaque époque est marquée par des évènements importants qui se traduisent par une nouvelle représentation du monde. À l’aube de ce nouveau millénaire, la manière de penser nos relations entre l’architecture et son milieu nous engage à développer une nouvelle représentation, de nouvelles façons de faire et une toute autre approche dans l’art d’édifier.

 

Cette nouvelle représentation peut sembler aller à l’encontre du projet fondateur de la modernité, reposant sur l’idée d’un collectif humain qui s’auto-extrait du milieu naturel. Mais avec la crise actuelle, il s’agit d’autre chose : c’est un appel à créer des interdépendances avec la nature et le vivant. N’est-ce pas là une préfiguration de toutes les synthèses auxquelles les contemporains et les architectes sont  appelés?

cosmicité
Sudden rain at Shono - Utagawa Hiroshige

Un nouveau récit...

architecture

Réalisme

 © sudden rain at shono, utagawa hiroshige

Aujourd’hui, un nouveau récit s’écrit pour transcender le paradigme moderniste qui est à bout de souffle. Le changement est important et déjà la radicalité de cette pensée commence à poindre un peu partout dans le monde. Il se déploie sous les termes de « NOUVEAU RÉALISME » et cette nouvelle sensibilité en émergence réintroduit l’importance de la nature dans nos vies. Il pleut, que nous soyons là ou pas. Il fait froid en hiver, que nous le souhaitions ou non. Cette prise de conscience de la matérialité de notre existence est nécessaire aujourd’hui face aux enjeux actuels du réchauffement climatique, car que représente ce phénomène si ce n’est un stupéfiant retour du réel? La catastrophe qui vient n’est pas nouvelle, elle a été le quotidien des êtres humains depuis la nuit des temps, à l’exception de nos cinquante dernières années !

 

Ce tournant « réaliste » se traduit déjà en architecture et en urbanisme. Il n’est en aucun cas réactionnaire, mais au contraire ouvre de nouveaux champs d’émancipation, de liberté, d’imagination et incarne un formidable débouché pour une meilleure interdépendance avec la nature, mais aussi avec les non-humains.

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potentialité

Do more with less!

architecture

 © jordhammond

Contraints par les limites biophysiques de la planète, nous sommes de plus en plus nombreux à envisager le choix de l’a-croissance comme seule façon d'arrêter la catastrophe en cours. Les méthodes pour gérer efficacement la complexité des projets existent, mais examine-t-on suffisamment leurs potentialités? Tout projet est en soi un investissement important pour la société, mais en visant plus large, on peut obtenir beaucoup plus avec des budgets à peine plus importants. Cette nouvelle approche est une façon de concevoir la société dans son ensemble et d’aborder les problèmes de façon globale et systémique plutôt que dans leur singularité. À l’heure actuelle, on observe à l’échelle tant nationale qu’internationale une tendance voulant que les forces vives des milieux concernés se rallient et s’associent pour travailler en commun à l’élaboration de leurs potentialités.

 

Cette tendance largement fondée sur les communs, Elinor Ostrom l’a mise en exergue, ce qui lui a valu le prix Nobel d’économie en 2009. COMMUNALISER, c’est PARTAGER ce qui est nécessaire à nos existences pour être en phase avec les ressources limitées de la Terre, mais c’est aussi et surtout SOUTENIR LA VIE et la vie sociale.

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